Cette
méthode de
greffage est sans doute l'une des greffes "de printemps" (voire
davantage car elle se pratique "toute l'année") les plus
simples à réaliser.
Localement, nous aimons bien la pratiquer.
Elle n'a
jamais été réellement
nommée, comme tant d'autres.
Elle
s'apparenterait à celle que décrivait par exemple
Charles Baltet dans son excellent livre maintes fois
reédité "L'art de greffer". Il
nommait alors cette technique "greffe en placage à
l'anglaise".
Elle n'est pas traumatisante et en cas d'échec ne laisse
guère de traces. Elle accepte les erreurs du greffeur. Elle
présente le
gros avantage de laisser quasiment intact le porte-greffe et donc en
cas d'échec, de ne pas avoir quasiment
sacrifié pour rien
le sujet destiné à porter le greffon.
Dans certains
cas, on préferera toujours la greffe "en
couronne", l'écussonnage, etc.
Mais
l'actuelle diffère légèrement
en
certains points de celle décrite par Baltet :
- L'entaille
du porte-greffe est plus
superficielle qu'elle parait dans l'illustration. Sous cet aspect elle
tiendrait de la greffe
"en placage sous écorce" ou de la greffe "en
coulée". Les espèces comme le poirier ou le
pommier accepteront sans problème une "entaille excessive"
mais on ne peut pas en dire autant d'autres.
- Puisqu'on crée une entaille désignée
par la
lettre {u} (coincidant avec l'encoche {e}) pour assurer la tenue de
l'ensemble et qu'après avoir lié solidemement le
tout et
mastiqué, les crans {y} et {o} sont
désormais inutiles *. Comme le masticage est
désormais largement
pratiqué, l'ajustement précis
greffon/porte-greffe pour
obturer hermétiquement les plaies n'a plus lieu
d'être.
La
façon de faire
décrite par Baltet est donc très
simplifiée. On s'y réfere néanmoins
lorsqu'il décrit les étapes de "sevrage" du
porte-greffe. .
La greffe en
placage à l'anglaise selon 'L'art
de greffer'
Celle-ci se
réalise
déjà lorsque le sujet est suffisamment "en
sève".
Pour le pommier par exemple elle se pratique "lors de la
floraison du lilas"... et ce jusqu'à la fin de saison
(sachant toutefois qu'en plein été, les jeunes
greffons
risquent de souffrir de déshydratation et de la chaleur).
On l'utilise
encore assez
fréquemment pour multiplier certains conifères.
Elle se
pratique aussi "dans le monde du bonzaï". On l'a
préconisée pour la vigne, le chataignier, le
tilleul...
On
l'utilise aussi parfois pour reconstituer une branche cassée.
Évidemment,
pour ce type de greffe, le diamètre
du greffon n'est pas un
caractère limitant. De tous petits greffons peuvent servir.
Tout dépendra ensuite de la dextérité
du greffeur, de la qualité de la coupe du greffoir, etc :-)
Lorsque cette
greffe se pratique au printemps, on dit alors qu'elle est alors
"à œil poussant". En
automne, on parle alors "d'œil dormant" car la
végétation sera
réellement évidente au printemps suivant. Cette
dernière façon de procéder
présente alors l'avantage de laisser le temps pour que la
soudure
greffon/porte-greffe se fasse correctement. Elle est tout
indiquée pour les arbres à noyaux.
Elle
peut-être aussi utilisée pour reconstituer une
branche qui a malencontreusement été
cassée.
Dans un
premier temps, une entaille superficielle du porte-greffe est
réalisée. Il s'agit alors de faire apparaitre
seulement la couche génératrice, le cambium, sans
trop entamer l'aubier.
Pour assurer que l'ensemble greffon/porte-greffe tienne solidement, on
pratique une incision à mi
hauteur de l'encoche précédemment
réalisée.
La "partie
greffon" est ensuite préparée comme
pour une
greffe à l'anglaise compliquée
Puis on
emboite le
tout en prenant soin de faire coïncider au moins d'un
coté les cambiums.
Il suffit alors de lier l'ensemble puis de mastiquer.
Cette méthode ne necéssitant pas
d'étêtage immédiat, Charles Baltet le
décrit, à faire ultérieurement, ainsi :
Pratiqué
au début de la sève, le
greffage est
à œil poussant; en août.
Dans le
premier cas, l'écimage de la tête
du
sujet se pratique huit jours après le greffage,
à 20-30 cm au-dessus de la greffe, par exemple en
{f},
si le plant
est suffisamment long, en même temps (que celui
du greffage) on élague le rameau {en e}.
Dès
que le greffon se développe, on
étête le
sujet à nouveau, au moins 8 ou 15 jours à la
suite de la
première opération, à 10-15 cm {en g}.
Cet onglet
sert de tuteur, on le retranchera à la chute des feuilles.
Dans le
second cas, la greffe étant pratiquée fin
été, à œil dormant, le sujet
sera
tronqué
(en g}
à 10-15 cm après l'hiver, et l'onglet
coupé
{en j) en août-septembre de la même
année.
On obtient alors ce résultat :
Cette méthode de greffage est simple et efficace.
* Les personnes pointilleuses peuvent
néanmoins créer ce cran {y} en laissant tout
simplement dépasser provisoirement comme une
languette dans la "partie basse du greffon" de
manière à ce qu'elle recouvre le porte-greffe
lors de l'ajustement des deux parties. Il suffit alors d'inciser
l'ensemble greffon + porte-greffe, de "dégager les chutes"
puis de réemboiter l'ensemble.
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