Voici une des "pommes phares" de l'Anjou.
André Leroy émettait
l'hypothèse que la pomme Bonne-Hotture tenait
très probablement son nom au fait qu'elle était
souvent transportée dans des hottes portées
à dos d'homme :
Cette
variété vraiment exquise est cependant
très-peu répandue, sauf dans le
département de Maine-et-Loire, où sa culture a
lieu depuis un si long temps, qu'on y regarde le pommier Bonne-Hotture
comme né en terre angevine. Ses produits alimentent surtout
les marchés de notre ville et ceux des lieux voisins.
Peut-être même doit-il à sa
fréquente apparition sous les halles, le nom que je lui ai
toujours connu. C'était effectivement, jadis, dans des
hottes portées à dos d'homme ou de cheval, selon
la distance, qu'on faisait voyager les fruits. Et certes l'excellence
de celui-ci permettait bien à nos jardiniers, à
nos marchands, de qualifier, en leur patois, bonne hotture la hotte qui
en était remplie. 1
Cette remarque
est
très plausible car l'utilisation d'une
hotte pour transporter les fruits était d'un usage
très commun jusqu'au XVIIIème
siècle. Un peu comme aujourd'hui lors des vendanges...
La
hotte était un outil de base pour le jardinier, bien plus
que la
brouette qui a été utilisée assez
tardivement.
On désignait alors comme "hotteux", la personne qui portait
une hotte.
Bien
qu'aujourd'hui on
utilise le terme "hottée"
pour désigner le contenu d'une hotte, "hotture" pouvait
alors tout
à fait désigner son contenu.
Cette explication tombe
sous le sens et reste
la plus plausible.
Toutefois il
faut noter
qu'en patois local ancien il
existait le terme proche "hoture" (avec un seul "t") qui se
traduisait par "espèce, race". Par exemple, un chien de
bonne hoture
désignait un animal d'une race parfaitement
adaptée à l'usage qu'on voulait en
faire (chasse, gardiennage, etc). 2
Ainsi dans ce
cas, une
pomme de la bonne hoture revenait à
désigner tout simplement une bonne pomme, une pomme de la
bonne variété.
Lorsqu'on
connaît la Bonne-Hotture, on ne peut pas nier cette
évidence.
Ce n'est pas un hasard, si
jusqu'à la première moitié du
XXème siècle, ce fruit était une des
principales
variétés cultivées en Anjou. On en
produisait alors des centaines de tonnes, à
tel point qu'on la chargeait dans des wagons à la pelle.
D'une
manière assez incroyable,
ce fruit de haute valeur a depuis quasiment disparu de la
mémoire collective.
La
Bonne-Hotture est un fruit de
la "moitié du département Bassin parisien"
(terrains sédimentaires).
Son aire de diffusion est la partie située à
l'est d'Angers et s'étend sur les
départements limitrophes.
Un
pommier qui ne présente de problème particulier
lors de sa culture
(pas de sensibilité évidente aux maladies, réfractaire à la tavelure et à l'oïdium),
adapté au climat local, qui donne
d'excellents produits qui se consomment de novembre à
février... Que demander
de plus !
Via
pomologie.com (site que toute personne qui
s'intéresse un tant soit peu à la pomologie
devrait avoir d'enregistré parmi
ses sites favoris), on y trouve une reproduction de la description
qu'en faisait "Le verger français" en 1947.
1 Dictionnaire de
pomologie- A. Leroy (1867) - tome III p.146
2 Glossaire des patois et parlers de l'Anjou - A.J. Verrier, R. Onillon
(1908) - tome I p.484
|