Une personne particulièrement bien au fait de
ce qu'on trouve dans sa commune et ses environs a rapporté
qu'elle savait où se trouve encore un poirier "de Juvardeil".
Cette
dernière était uniquement
connue de nom. Comme beaucoup de variétés, ce
fruit était considéré comme disparu.
Jusqu'à ce jour...
Par chance,
André Leroy avait décrit cette poire en
1869
(Dictionnaire de pomologie, tome II, pp 317-318).
Il connaissait sans doute bien ce fruit, déjà
tombé en désuétude à son
époque, car sa famille paternelle était justement
originaire du village de Juvardeil.
On en trouve seulement quelques
références sous le nom un peu plus
usité que cette poire avait au début du XIXème
: Javardelle
(I).
Pour lui
éviter de subir le même
sort que de nombreuses variétés, les Croqueurs de
Pommes de l'Anjou sont arrivés à temps avant
qu'elle ne disparaisse définitivement.
Un fruit d'hiver si
ancien ne correspond plus du tout aux habitudes
alimentaires actuelles. On le qualifierait actuellement de "fruit de
peu d'intérêt". Il est toutefois le
témoin d'un lointain passé.
Le poirier d'origine qui se trouve sur la commune de
Brissarthe (7-8 km de Juvardeil) est vieillissant.
Quelques greffons
ont néanmoins pu être
prélevés et plusieurs
greffes ont été pratiquées au
printemps 2012. 3 scions ont ainsi pu être obtenus. Ils sont
désormais installés... et surveillés .
Juvardeil
(commune
du nord du
Maine-et-Loire) est située dans une contrée pour
laquelle
on trouve de très anciens documents
écrits. Il font
état que la
culture des poiriers et l'échange de greffons
était
monnaie courante il y a plus de 5 siècles.
Grace
aux archives du Chateau du Plessis-Bourré et aux
références qui fait André Leroy
(aidé dans cette tache par Bonneserre de St-Denis), on a une
idée
des variétés de poiriers qui étaient
diffusées à l'époque.
(I) Par contre, nous
pensons que
le nom de
Javardelle,
plus ancien et plus répandu que le nom moderne de la commune
qui lui a été substitué par M Leroy
(Poire de Juvardeil), n'est point une corruption, mais une lecture
correcte du nom de cette espèce très-ancienne. Le
bourg de Juvardeil est en effet constamment
désigné dans les Chartes du moyen-âge
par les formes suivantes : Gavardullio, Javardeitlio, Javardellio (Voir
Marchegay *, Cartul. du Ronceray, chart., I, 246, 247, 248,
etc.).
Revue de l'Anjou, 1869, tome V, note en bas de la page 330
* Paul Marchegay, archiviste de
Maine-et-Loire vers 1850, ami de
Bonneserre de St-Denis (principal contributeur au Dictionnaire de
Pomologie d'André Leroy (notamment pour la partie
historique)).
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