Elle commence sans doute vers le début des années 1840 dans
le Jardin du Comice à Angers (situé à l’emplacement actuel du Jardin
des Beaux-Arts (boulevard du Roi-René)).
Le Comice Horticole y avait
effectué des semis de poiriers sans en relever le nom.
Parmi ceux-ci, un jeune arbre s’était montré intéressant -
porteur d’espoir.
Il avait été installé dans le jardin et portait la mention
“egrassot (?) n° 3”.
Plus tard, en 1848,
ce
jeune arbre a commencé à produire et son
fruit et
s’est avéré très méritant.
Ainsi, on peut lire dans compte-rendu de la
séance du 08/12/1848 : “une nouvelle
poire provenant
des semis faits par le Comice, et
surveillée spécialement par M. Millet, est renvoyée à une prochaine
récolte, pour décider quelles ont en sera (?) les qualités constantes”.
Une année plus tard, en 1849,
il y a eu de nouveaux fruits - on les a à
nouveau goutés. La variété n'ayant pas
évolué, on a conclu qu'elle était fixée.
nota : en parallèle, le Comice avait obtenu cette même
année une autre variété de poire : "Fondante
du Comice".
André Leroy,
membre de cette Société était présent à cette séance.
Le Doyenné du Comice, avant de rencontrer son marché, trouve en lui son
pépiniériste. Il avait évalué non seulement son apparence et son goût,
mais aussi son aptitude à la multiplication, la facilité de la greffe
sur cognassier, la vigueur de l’arbre, sa fertilité, la conservation
des fruits, leur résistance aux chocs du transport, etc. Ce n’était
plus le jugement d’un obtenteur amateur ou d’un producteur de fruits
pour le marché local, mais bien la sélection d’une variété appelée à
satisfaire le marché du pépiniériste, les exigences de l’arboriculteur
et le goût du consommateur. Cette innovation variétale était d’ores et
déjà destinée à une diffusion internationale.
Sa diffusion a été
extraordinairement rapide.
Durant l’année 1850,
le Comice Horticole la décrit dans le compte-rendu
de ses Travaux (au sein d’un opuscule qui apparaissait chaque année “Description des fleurs et des fruits nés
dans le département de Maine-et-Loire - 1850”
et dans l’ouvrage "Pomologie de
Maine-et-Loire, (tome 1, page 9)".
Dès
l'année suivante, soit en 1851,
elle a figuré dans le Catalogue des Pépinières
Leroy.
S’appuyant sur le fait qu’il venait d'ouvrir une succursale aux
États-Unis (à Rochester ; État de New-York - le Catalogue commercial
était traduit en anglais), cette variété a été très rapidement
commercialisée Outre-Atlantique.
En 1852, les
Américains le
multipliaient ; et Hovey, un de leurs pomologues, en donnait cette même
année une description fort exacte dans The Magazine of Horticulture
(tome XVIII, page 169). Peu après, cette nouvelle variété passait en
Angleterre, puis en
Allemagne, et s'y montrait aussi méritante que chez nous.
Présenté à la première et à la deuxième session du Congrès
pomologique de France qui
se sont tenus à
Lyon en septembre 1856 et 1857,
l’examen final du Doyenné du Comice fut ajourné
avec avis favorable. Il a été définitivement adopté en 1858, à la troisième session (à
Paris).
On s’accorde ordinairement à considérer cette Poire comme la
meilleure
: « The best pear of the World », la meilleure Poire du monde, dit le
Journal d'Horticulture de Londres en 1894.
Assurément, aucune variété
ne réunit, à un aussi haut degré, la qualité et la beauté.
Comment,
avec d'aussi grandes qualités, le Doyenné du Comice a-t-il été si longtemps à
vraiment être
connu et apprécié ? Car, si l'arbre se répandit très rapidement après
son
obtention, même à l'étranger, il est certain cependant qu'en 1885 il
était encore à peine connu du consommateur, de l'amateur et aussi d'un
très grand nombre d'arboriculteurs.
Finalement, il a fallu attendre le
XXème siècle pour que la poire Doyenné du Comice soit diffusée à très
large échelle.
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